L’utilisation de documents physiques est encombrante, et le monde évolue vers l’utilisation de documents numériques. Ces derniers sont pratiques à gérer mais la preuve de leur authenticité est souvent un problème. En effet, comme il n’existe pas de protocole commun pour valider et vérifier les documents numérisés, leur processus d’analyse dans les institutions privées ou gouvernementales est difficile.
Pour répondre à cette problématique, on assiste à l’émergence de mécanismes basés sur la blockchain permettant de vérifier l’authenticité et le contenu de documents numériques. Réputée pour son immutabilité, cette technologie semble en effet s’imposer comme une excellente solution.
Tout commence en 1991 avec le travail des chercheurs Stuart Haber et W. Scott qui envisageaient d’utiliser la blockchain pour prévenir la falsification des documents horodatés.
Ce n’est que bien plus tard en 2009 que Satoshi Nakamoto (pseudonyme du (des) développeur(s) Dorian Nakamoto et/ou Craig Wright supposé(s)) invente le premier applicatif concret de la blockchain, la plus célèbre et première crypto-monnaie, le bitcoin.
A l’époque, le procédé est révolutionnaire, grâce au caractère certifiant de la blockchain, il est dorénavant possible d’émettre des monnaies virtuelles infalsifiables et 100% vérifiées, qualificatifs auparavant réservés aux monnaies frappées par les États.
Ensuite en 2014, la technologie blockchain 2.0 voit le jour et avec elle, le champ des possibles s’agrandit soudainement. En effet, son énorme potentiel commence à intéresser des acteurs en dehors de la finance voulant tirer parti de sa traçabilité infalsifiable. Rapidement de nouvelles utilisations fleurissent, notamment dans les industries pharmaceutiques, des matières premières ou même du luxe.
Enfin en 2020, une nouvelle révolution voit le jour avec le lancement d’Ethereum 2.0, importante mise à jour du protocole Ethereum (concurrent du Bitcoin), qui vise principalement à passer du principe de la preuve de travail (proof of work) à celle d’enjeu (proof of stake). Cette dernière, bien moins énergivore, devrait réduire de plus de 90% l’électricité consommée par la blockchain, mais a considérablement été retardée et ne devrait être finalisée que dans les mois à venir.
En essence, la blockchain est une base de données partagée ou registre qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière sécurisée. Cette base est infalsifiable et ses données sont vérifiables.
Les utilisateurs de la blockchain sont interconnectés en réseau. Ils ont donc tous accès simultanément à un registre contenant les données de la base. Chaque changement futur dans le registre est visible par tous les utilisateurs.
De nature décentralisée, la blockchain fonctionne sans organe central de contrôle et ce sont ses propres utilisateurs qui la contrôlent sans aucun autre intermédiaire.
Elle dispose de 4 principaux avantages :
Pour bien comprendre comment la blockchain permet de certifier des documents, il convient tout d’abord d’en expliquer certains fondamentaux.
Toute blockchain est composée de blocs qui contiennent :
C’est grâce à cela que tous les blocs restent liés ensemble et forment une chaîne inviolable, rendant impossible de modifier une information sans que cela soit détecté par les autres utilisateurs. D’ailleurs, chaque hash est calculé au moment de la création de son bloc, puis modifié à chaque changement apporté aux informations qu’il stocke.
Lorsqu’un utilisateur veut entrer de nouvelles informations dans la blockchain, comme lors d’une nouvelle transaction, un nouveau bloc est créé. C’est alors aux membres du réseau eux-mêmes de valider et de vérifier l’authenticité des nouvelles informations insérées.
Comme évoqué précédemment, cette validation peut se faire de deux façons :
Pour terminer, la blockchain est un réseau ouvert et chaque utilisateur en possède une copie.
Ainsi, pour qu’un nouveau bloc soit ajouté à la chaîne, il doit être envoyé aux “nœuds du réseau” d’ordinateurs éparpillés dans le monde entier. Il sera alors soumis à validation par chacun des nœuds, puis ajouté à toutes les copies de la base de données.
Ce réseau de nœuds décentralisé permet d’assurer la validité et l’authenticité de la certification blockchain. La version majoritairement validée est par principe celle qui est considérée comme valide.
C’est la combinaison de ces trois concepts, le hash, la preuve de travail (ou d’enjeu) et le réseau en nœuds, qui fait de la blockchain une technologie sécurisée, infalsifiable et à valeur probante.
D’un point de vue juridique, la certification d’un fichier numérique sur une blockchain constitue le début d’une preuve, comme un email. Ainsi, deux conditions doivent être respectées :
Le certificat établi permettra de prouver devant un juge l’intégrité et l’antériorité d’une donnée ou d’un fichier numérique.
Cela permet notamment d’obtenir un NFT (non-fungible token) ou jeton non fongible, particulièrement adapté pour la certification et le stockage de documents.
Le processus de création d’un NFT est le minting ou frappe en français. Il consiste à copier un fichier numérique sur un serveur et créer ensuite un jeton cryptographique contenant un lien vers ce fichier sur une blockchain.
Nous avons évoqué les crypto-monnaies, premier applicatif couronné de succès de la blockchain, mais de nombreux autres secteurs sont susceptibles de bénéficier de cette technologie.
Toujours dans la finance, Banco Santander, une banque espagnole, utilise la blockchain Ripple pour automatiser certains transferts de fonds internationaux pour ses clients. Le nombre d’actions manuelles est réduit, ce qui leur permet de gagner du temps et également de diminuer le coût de chaque opération.
Dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la blockchain est également particulièrement adaptée pour le suivi en temps réel des marchandises lorsqu’elles se déplacent et changent de mains. Elle permet notamment d’attribuer les marchandises nouvellement arrivées dans un port à différents conteneurs d’expédition.
La blockchain connaît également un certain succès auprès des professionnels de la santé, notamment pour la conservation des données de santé et des antécédents médicaux. Elle s’affranchit des effets de silos de données importants dans le secteur et protège la confidentialité des patients qui ne peuvent pas être identifiés directement.
Dans le secteur de la conformité bancaire, avec l’avènement des fintechs et de leurs parcours d’entrée en relation à distance, le besoin d’obtenir des documents officiels certifiés se fait de plus en plus pressant. En effet, la fraude documentaire et à l’identité a connu une explosion ces dernières années.
Dans beaucoup de pays, il est encore nécessaire de faire appel à des professionnels (ex : notaire) et de se déplacer physiquement pour la certification d’un document. L’expérience client en est évidemment grandement dégradée et le dispositif n’est pas pour autant parfaitement infaillible.
Pour pallier ce problème, de nombreux organismes financiers préfèrent obtenir ces documents directement auprès des sites gérés par l’Etat comme Infogreffe.fr en France. C’est notamment le choix que nous avons fait chez LinkCy afin d’assurer le plus haut niveau de sécurité à nos partenaires. Néanmoins, le processus pourrait être encore plus fluide si l’intégralité de la base de données relative aux sociétés (adresses, dirigeants, actionnaires,..) était stockée sur la blockchain.
Dans le secteur de l’immobilier, on pourrait imaginer la même chose pour les actes de propriété. Les acquéreurs d’un bien se verraient fournir un NFT au moment de son achat. Il leur permettrait ensuite de prouver leur statut de propriétaire et faciliterait également le processus de cession.
C’est déjà le cas des diplômes délivrés par certaines écoles qui ont abandonné le format papier, trop facile à égarer et aisément falsifiable. A la place, les étudiants reçoivent un diplôme numérique qui inclut toutes les informations de leur formation. Ils peuvent également le partager sur leur CV, leurs réseaux sociaux ou l’envoyer directement aux recruteurs. C’est un gage de sécurité pour les étudiants et de confiance pour les entreprises.
En France, plusieurs établissements ont déjà sauté le pas tels que l’emlyon business school ou encore l’Université de Lille.
Enfin, un nouveau type de jeton, inspiré du jeu en ligne World of Warcraft et soutenu par le créateur de la blockchain Ethereum Vitalik Buterin, pourrait s’avérer prometteur en la matière. Il s’agit du Soulbound token (SBT) ou jetons liés à l’âme. Ce sont des NFT qui agissent comme des “médailles” dans la vie réelle, à l’instar de ceux que l’on obtient dans un jeu vidéo en accomplissant une certaine tâche. Buterin les envisage comme un moyen irréfutable de prouver son historique d’emploi, ses diplômes et d’autres types de compétences.
Contrairement aux NFT traditionnels, les SBT ne seront pas transférables, et ne pourront donc pas être acquis par le biais d’échanges, ce qui les rend encore plus adaptés pour la certification des parcours académiques. Ils pourraient aussi être utiles pour gérer les billetteries d’événements ou même pour suivre le score de crédit d’une personne.
Toutefois, les utilisateurs seront libres de les révoquer sur demande. C’est important pour éviter qu’ils ne soient utilisés à des fins autoritaires, voire carrément dystopiques, comme le tristement célèbre système de crédit social chinois.
La certification de documents officiels à l’aide de la blockchain a donc de beaux jours devant elle. Il existe de nombreux domaines encore inexplorés et susceptibles d’en bénéficier tels que les prescriptions médicales numériques ou encore la gestion de la propriété intellectuelle des brevets industriels ou des designs dans le secteur de la mode.
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